Marche exilée, Poème de Jamila Abitar
De tout temps, j’ai porté des voiles pour assurer à ma démarche, une part de féminité. Je porte toujours l’habit qui rappelle le dernier instant. Une rencontre du corps et de l’esprit sur une terre sans nom. J’ai vu mes semblables courir après le vent, trahir la lumière, par la force, ils sont entrés dans ma chambre. J’ai vu mes cahiers d’écolière rompre avec ma jeunesse. Mon corps ne se souvient d’aucune rue, je suis exilée à l’aube de l’éternité. J’honore la surface de la terre, sans que l’ombre d’un missile ne vienne défigurer ma pensée. Je retrouve l’exquise dérive qui ne mène à rien et sans doute à tout. Sollicitée pour être, pour être une épouse, une maîtresse exilée, comme une femme, comme un poète. Je n’ai pas la langue sage pour taire le legs sanglant. Je reconnais l’exil, le peuple sans terre. Et moi, dans la tourmente. Bleu, il sera Liberté, Evasion, Et moi, prise dans le piège de l’écriture. Qui pourra me libérer de cette âme poétique em