A Marrakech, derrière la Koutoubia

Javais oublié ma ville,

la mémoire des sucreries,

des dents cassées,

des bouches sans issues.

Javais oublié mes frères noyés

sans avoir appris à nager,

près des barques trouées

de mon parcours de jeu.

Javais oublié ma ville sans terre,

Marrakech, cest en toi que je revis.

Koutoubia,

ta pierre réveille un peuple,

réveille mon être oublié.

Ma mémoire, vivante, rougit de tes reflets.

Jai avalé ton sable et jai pleuré mes frères.

Et trahie par mes frères, jai sursauté,

combien de fois, depuis cent ans !

Lucide comme cette lumière que l'on voit,

cette rencontre entre ces murs

qui embrassent l'intemporel.

Je voudrais retrouver ma ville rouge, sa verdure,

ses champs dempreintes de sang partagé.

Je voudrais me cacher derrière la Koutoubia

et sentir Jamaa El Fna veiller sur Marrakech.

A mon sommeil défendu, cest le néant accompli.

Aussi loin que ma mémoire disparaît

le rêve dun poème réussi.

Aussi loin que mes rêves réussis,

la splendeur dune vie sans histoires.

Un souffle parmi le souffle,

un être dans le tout être.

©Jamila Abitar

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