Articles

Affichage des articles associés au libellé Poèmes

Marche exilée, Poème de Jamila Abitar

De tout temps, j’ai porté des voiles pour assurer à ma démarche, une part de féminité. Je porte toujours l’habit qui rappelle le dernier instant. Une rencontre du corps et de l’esprit sur une terre sans nom. J’ai vu mes semblables courir après le vent, trahir la lumière, par la force, ils sont entrés dans ma chambre. J’ai vu mes cahiers d’écolière rompre avec ma jeunesse. Mon corps ne se souvient d’aucune rue, je suis exilée à l’aube de l’éternité. J’honore la surface de la terre, sans que l’ombre d’un missile ne vienne défigurer ma pensée. Je retrouve l’exquise dérive qui ne mène à rien et sans doute à tout. Sollicitée pour être, pour être une épouse, une maîtresse exilée, comme une femme, comme un poète. Je n’ai pas la langue sage pour taire le legs sanglant. Je reconnais l’exil, le peuple sans terre. Et moi, dans la tourmente. Bleu, il sera Liberté, Evasion, Et moi, prise dans le piège de l’écriture. Qui pourra me libérer de cette âme poétique em

L’aube sous les dunes

Image
Tant de matins sous les dunes reposent sur le silence des vers partis en sable parmi les mots, dans un champ où la forme devient réalité. Témoigner de la marée, poursuivre l’écume En trombe du temps. Au fond des bronches, je serai blanchie, Dessalée dans le corail . Des mots porteurs de la plus haute charge symbolique : pharaon, dune, aube, sable, prophète, ancêtre, astre...et bien d’autres encore, des mots qu’on croirait d’autre temps. Jamila Abitar articule son écriture à l’une des fonctions les plus éminentes de la poésie, à savoir, aider à mieux voir, à revitaliser notre sensibilité. 4ème de couverture : Léopold Congo-Mbemba Editions L’Harmattan, Coll. Poètes des Cinq Continents, ISBN 2-7384-9285-1 L’ombre emporte les souvenirs, assouvit l’encre dans son néant. Le vent d’une page, sur une terre en sursis qui demain sera fertile. A l’aube des dunes. Jamila Abitar

L'oracle des fellahs

Image
Fleuve errant Saisit la transparence Traverse les songes Des hommes mystérieux Qui pour aller au delà Déshabillent le présent. Saisis-toi de l’instant Au lever du soleil De ces êtres Que l’on ne voit pas Pour courir les siècles Hier et demain Dormir à l’abri des guépards Gestuelle en forme de croissant L’inédit du corps Chauffe l’écrit L’ombre froide rassure. L’appel au vocable Marche sur ce sable Attend l’heure Où les mots tombent Avec justesse Sur le palier L’inconnu sonne L’Atlas se réveille Insigne d’une mémoire La parade retrouvée Concordance de l’image Répond à l’appel En éveil Par des enclaves de modernité Sauve l’étendu cyclique Qui se répète chevauche L’insaisissable lumière Jamila Abitar

A Marrakech, derrière la Koutoubia

Image
Je voudrais retrouver ma ville rouge, sa verdure, ses champs d’empreintes de sang partagé. Je voudrais me cacher derrière la Koutoubia et sentir Jamaa El Fna veiller sur Marrakech. A mon sommeil défendu, c’est le néant accompli. Aussi loin que ma mémoire disparaît le rêve d’un poème réussi. Aussi loin que mes rêves réussis, la splendeur d’une vie sans histoire. Un souffle parmi le souffle, un être dans le tout être. J’avais oublié ma ville, la mémoire des sucreries, des dents cassées, des bouches sans issues. J’avais oublié mes frères noyés sans avoir appris à nager, près des barques trouées de mon parcours de jeu. J’avais oublié ma ville sans terre, Marrakech, c’est en toi que je revis. Koutoubia, ta pierre réveille un peuple, réveille mon être oublié. Ma mémoire, vivante, rougit de tes reflets. J’ai avalé ton sable et j’ai pleuré mes frères. Et trahie par mes frères, j’ai sursauté, combien de fois, depuis cent ans ! Lucide comme cette lumière que

Extrait Recueil A Marrakech, derrière la Koutoubia

La nuit arrachée Territoire authentique ou émeute : on pleure l’hirondelle qui ne sait où aller, maladresse de ne ressembler à rien ou le plus vaste mot oublié à l’intérieur d’un vase muet. Beaucoup de paroles pour ne rien dire, bien du plaisir à vouloir nouer les langues qui défilent comme des blessures. Guerre transparente, il est si difficile de retenir sa bouche, canal de vie, étoile du berger. Absence de paroles, se dire que le mot est juste, souffle, envol vers ce non-être qui pourrait exister en dehors de nous. Ils réapprennent la caricature qui tue, le frisson sanglant, la beauté créatrice qui jamais ne s’oublie, et nourrissent la réflexion pendant que nos poumons gonflent encore le mot à dire. ©Jamila Abitar

Poème de Saïda Menebhi

"Le vent de mon pays souffle, hurle, gronde sur la terre humide qu’il balaie il trace des figures il grave un passé le mien, le tien, celui de chacun son bruit me rappelle une symphonie celle que tu sussurais à mon oreille chaque nuit Avant, il y a longtemps déjà aujourd’hui, ce soir, cette nuit seules les empreintes de la vie me reviennent à l’esprit et la pluie tenace, le vent têtu reviennet comme chaque année et me ramènent à toi aussi loin que tu sais me rappellent encore que j’ai un corps que j’ai une voix que j’élève en offrande à toi." Saïda Menebhi Biographie: Née en 1952 à Marrakech. Professeur d'anglais. Militante de l'organisation marxiste léniniste dissoute Illal Amam. Arrêtée en janvier 1976, torturée et décédée à la suite d'une grève de la faim le 11 décembre 1977. Ses livres, poèmes, lettres et écrits de prison sont édités par les comités de lutte contre la répression au maroc. Site internet : saidamenebhi.ifrance.com/hi
Image
La voix de l’errance pour tisser les mondes, dire les transparents qui nous accompagnent. Des nuits durant, écouter les cœurs qui battent d’un réveil incertain. Prisonnier d’un rêve, c’est la langue qui le libère. En bas de page, il souligne le blanc, le fracas de l’âme diamantée. Une mort répétée dans un sommeil assouvi et le courage de dire non au contre courant. Dans le feu de l’action, révéler la pensée, la parole fulgurante. Une quête des sens et de l’harmonie. Image promise par la radicalité, l’exigence du verbe et sa portée. La présence de l’insoupçonné en sourdine et l’orgasme des anciens dans l’encre qui coule à flots, dans un corps habité. Ainsi, s’écrit le poème, sans lois, respectant les règles de la nature. C’est dans la joie qu’il l’emporte ! ©Jamila Abitar in Chemin d'errance

4ème de couverture A Marrakech, derrière la Koutoubia

Image
« A lire et relire vos textes nous voici menés à l'épreuve du langage des regards d'été. Il se pose sur la page autant d'adresses au pays de l'étonnement de soi que d'alertes à la solitude d'être en toutes ses exigences. Le poème ne fleure jamais avec la nostalgie il convoque le jour en proie aux cicatrices sur cette voie d'accueil des lèvres à leur dénuement. Ici, des arbres s'inclinent devant l'ombre bercée de rendez-vous manqués là, une place aux parfums de peur s'endort d'un autre monde. On perçoit jusque dans l'exil de fragments-souvenirs cette errance de l'histoire d'étoile en étoile par la voie d'intime respiration dans la prière des mots. A lire et relire chaque poème dans le contexte de ce qui le hante de tant d'absence sans résignation on rejoint le courage des blessures d'enfance à leur ouvert nuptial... Le verbe dans sa délicate pose sur la page entreprend l'horizon d&

Chant du Matin, Extrait Poème de Jamila Abitar

Chant du Matin Je veux seulement entendre ton cœur battre de son plus beau poème et le protéger dans le secret de la nuit. Où est ton corps transparent, ta plénitude dans le chant du matin ? La poésie, si difficile à recevoir, me donne pour un temps, le cosmos en héritage. La marche décalée de siècle en siècle ; et toutes les nuits tombées dans l’arrosoir de mes jours ©Jamila Abitar

Poésie

Je suis dans cette solitude qui aveugle la pensée p our faire naître l ’improbable. J’aime cette quiétude d e ne plus être moi. Lettre au monde d ans l’impuissance de tes bras, j ’accouche du soleil. ©Jamila Abitar       in Chemin d’errance   
Image
Pourtant, nous avons tous, l'amour de nos mères, le parfum des roses et leurs épines au centre de nos vies. Et pourtant, la nuit ce sont les morts qui ont dansé sur les pavés empreints du sang de nos aïeuls. J'ai suffisamment d'amour en moi pour pouvoir pleurer les miens dans mon sommeil. Là où je cesse de rêver où je prends le cœur de l'autre comme la continuité du jour, je le préserve là, dans le secret de la nuit. Mosaïque de gestes dansant la fin des temps comme ces voix fuyantes qu'il faudrait bien en se penchant écouter battre des ailes sur le carnage dont elles témoignent. ©Jamila Abitar - Ouarzazate Festival Tamawayte 07/11/2015

Chemin d'errance

Image
C ’ est toute cette infirmité du cœur à vouloir être bon qui me fait souffrir ; J ’ entrevois le silence à travers la vitre, la nature résignée m ’ émerveille. Elle semble embrasser l ’ azur. Je l ’ implore pour qu ’ elle me délivre de ses branches pour me donner au divin comme un souffle au cœur. Je clame ton nom à la nuit sans pouvoir apaiser ce manque de toi. Ô poème, vide-moi de ces émotions qui ne trouvent figure à la face du vent. © Jamila Abitar
Des flocons de neiges suspendus à un ciel de printemps. Des obus parsèment leur feu dans les jardins de la vie.   S’ écrit le poème, vent violent assis sur un nuage de consciences. Nous poètes sommes les témoins de l ’ image perdue. Nous tentons de la restituer dans toute sa véracité. Redéfinir l ’ amour Redéfinir le poème Construire leur sens. Un tas d ’ immensitude égaré dans le vide , dans un rien où l ’ on trouve le mot à dire. Aimer à n ’ en plus vivre noyé dans le poème. Tu te réveilleras chaque matin comme une nouvelle note. ©Jamila Abitar
Ma mémoire en chemin est aux pieds des racines. Immanquablement, je leur parlerai de cette musique qui nous pose sur une semblable symphonie. Récital de noms et de pleurs, combien de morts ai-je dû compter ? Loin de leur apparence humaine, combien de morts ai-je dû compter après moi, ivres de mots ? Le voyage des hommes m’éblouit. Je ne vendrai pas son secret, mon corps torturé en a vu d’autres. Je retrouve les raisons de cet écrit et je me perds dans l’acharnement verbal, d’une histoire sans fin. © Jamila Abitar
Poète, je n'ai pas oublié ton chant. Ta silhouette qui traverse l'éclair pour rompre les pages de l'oubli. J'ai passé la soirée à tenir un proverbe debout. Frôlant le ridicule pour approcher la syntaxe, les rimes qui redonnent le ton aux éléments du tableau. J’ai embrassé ta voix, d’innombrables luttes m’ont portée. Discours, synthèses de mélancolie, liqueur des vergers. J’ai passé la soirée à tenir un proverbe debout pour dire le parent assis près de l’olivier à attendre son heure, pour dire le temps perdu à se chercher dans des bruits de hasard, pour nouer la voix aux mots, l’extraire pour un temps de sa médiocrité. Mesurer la parole jusqu’au revers de la plume et raturer les lignes bavardes de legs sanglants. Quel inconnu fidèle me soufflera à l’oreille les couleurs de la phrase magique ? © Jamila Abitar
Beaucoup de paroles pour ne rien dire, bien du plaisir à vouloir nouer les langues qui défilent comme des blessures. Guerre transparente, il est si difficile de retenir sa bouche, canal de vie, étoile du berger. Je retrouve le verbe qui éveille la source de chaleur pendant que d’autres attendent l’extase de la lune en rond. Aux premières lueurs, j’attends mon tour, le voyage de l’autre côté du sol, là où les noms s’éternisent. ©Jamila Abitar   

A Marrakech, derrière la Koutoubia

J ’ avais oublié ma ville, la mémoire des sucreries, des dents cassées, des bouches sans issues. J ’ avais oublié mes frères noyés sans avoir appris à nager, près des barques trouées de mon parcours de jeu. J ’ avais oublié ma ville sans terre, Marrakech, c ’ est en toi que je revis. Koutoubia, ta pierre réveille un peuple, réveille mon être oublié. Ma mémoire, vivante, rougit de tes reflets. J ’ ai avalé ton sable et j ’ ai pleuré mes frères. Et trahie par mes frères, j ’ ai sursauté, combien de fois, depuis cent ans ! Lucide comme cette lumière que l'on voit, cette rencontre entre ces murs qui embrassent l'intemporel. Je voudrais retrouver ma ville rouge, sa verdure, ses champs d ’ empreintes de sang partagé. Je voudrais me cacher derrière la Koutoubia et sentir Jamaa El Fna veiller sur Mar

A Marrakech, derrière la Koutoubia

Image
Les êtres portées s’abreuvent d’un jour sans heure. Du haut des Minarets, des instruments à cordes atteignent l’infini. Comme coton poussé vers in tisserand, la semence gratifie le ciel. La prière et l’émotion font grandir le rêve. Le contraste des couleurs devient détails à prendre. Un oracle de contes qui laisse tourner le cœur. La mémoire d’une piste qui n’en finit pas de charmer. © Jamila Abitar
Image
Je me suis livré à l ’ énergie la plus haute pour passer à travers le vin. Il faut du temps pour faire renaître l ’ émotion à l ’ état pur, s ’ insurger contre les forces de la nature et rompre avec elle . Lorsque l ’ on possède et la connaissance et le vécu, cela peut provoquer une détonation des plus irrémédiables. Vous avez le sentiment que  : quand vous ouvrirez la bouche, ce qui en sortira sera du feu. J ’ ai pêché dans les brûlures du verbe pour ne pas cacher la parole. J ’ ai hurlé jusqu ’ au portail de ma raison et j ’ ai demandé pardon à la terre qui m ’ a portée. Je suis le visage sans voix à la rencontre du peuple renaissant. © Jamila Abitar
Image
Koutoubia, ta pierre réveille un peuple, réveille mon être oublié. Ma mémoire, vivante, rougit de tes reflets. ... J’ai avalé ton sable et j’ai pleuré mes frères. Et trahie par mes frères, j’ai sursauté, combien de fois, depuis cent ans ! Lucide comme cette lumière que l'on voit, cette rencontre entre ces murs qui embrassent l'intemporel. ©Jamila Abitar